Le gouvernement allemand devient de plus en plus pressant. De ce fait, Volkswagen n'a plus d'autre alternative que de publier les modèles de voitures concernés par la seconde affaire, celui du CO2.
Le géant de la construction automobile a ainsi annoncé que 800.000 véhicules ont été équipés du moteur truqué à l'origine du scandale relatif à la tricherie sur les émissions de gaz polluants. Ils ont été présentés sur le marché au cours de la période allant de juin 2007 à juin 2015. Il s'agit d'un bloc de 3 et 4 cylindres diesel TDI, désigné sous le nom de code "EA189" qui constitue l'ossature des voitures diesel de moyenne gamme produite par le consortium depuis 2009.
Selon une plateforme spécialisée dans les informations et les analyses liées au secteur automobile, la liste noire concerne au moins 30 modèles de la gamme de fabrication du consortium allemand. De son côté, la branche française de Volkswagen a confirmé au quotidien "Parisien" que les moteurs diesel 3 cylindres 1,2l sont également touchés. En France, comme ailleurs, 4 marques sont concernées : Volkswagen, Seat, Audi et Skoda.
Voici la liste détaillée de ces modèles potentiellement concernés :
Volkswagen : véhicules fabriqués entre 2009 et 2015 (au total 5 millions de voitures dans le monde)
Catégorie 1,2l : Polo
Catégorie 1,6l : Golf, Golf Plus, Polo, Coccinelle, Touran, Passat VI et VII
Catégorie 2,0l : Golf SW – Passat – Passat SW – Jetta – New Beetle – CC – Tiguan – Sharan – Scirocco, Eos, Caddy, Transporter, Crafter et Touran.
Audi : modèles fabriqués entre 2009 et 2015 (au total 2,1 millions de véhicules dans le monde)
Catégorie 1,6l : A1
Catégorie 2,0l : A3 – A4 – A5 – A6 III – TT – Q3 et Q5.
Seat : fabrication entre 2008 et 2015 (700.000 voitures au total)
Catégorie 1,2 l : Ibiza
Catégorie 1,6l : Ibiza - Leon
Catégorie 2,0l : Alhambra – Leon – Altea – Ibiza - Exeo
Catégorie 4WD : Alhambra.
Skoda : modèles sortis entre 2010 et 2015 (1,2 million de véhicules à travers le monde)
Catégorie 1,2l : Fabia
Catégorie 1,6l : Yeti – Fabia – Rapid – Octavia II – Superb II - Roomster
Catégorie 2,0l : Octavia – Superb – Yeti.
Dans un communiqué, Volkswagen a confirmé que d'autres véhicules du groupe VAG étaient équipés du logiciel incriminé. En effet, à part les 4 marques citées ci-dessus, l'empire englobe aussi des segments spécialisés dans la construction de voitures de luxe, telles que Lamborghini, Porsche ou Bugatti.
Les critiques fusant de toutes parts après les révélations faites par l'agence de l'environnement des États-Unis, le consortium germanique a informé le public que des enquêtes internes sont en cours sur ce sujet brûlant. Les résultats des investigations ont démontré que d'autres marques de voitures fonctionnant avec un moteur diesel ont également été équipées du dispositif frauduleux. Le communiqué a tenu à faire remarquer que "le logiciel n'a aucun effet dans la majorité des cas". Toutefois, cette précision qui se veut être rassurante ne suffit pas pour atténuer la polémique.
C'est le groupe lui-même qui a révélé que le niveau d'émission de gaz CO2 indiqué lors des contrôles aurait été trop inférieur par rapport à la réalité. Le nombre annoncé de modèles concernés porte essentiellement sur les moteurs diesel, mais les investigations internes ont mis à jour des irrégularités sur un moteur à essence. Volkswagen n'a pas encore divulgué le type de bloc concerné. Toutefois, la presse allemande avance qu'il pourrait s'agir du moteur 1,4l TFSI 4 cylindres équipant le modèle Polo, un dispositif innovant doté du système ACT qui permettrait de faire des économies substantielles de carburant, la consommation pouvant être réduite à 1l/100km. Le constructeur aurait pu en équiper ses modèles sportifs, tels que les Audi A1 et A3 Sportback ainsi que les modèles Golf. Une information qui n'est pas encore confirmée. En tout cas, le ministre des Transports du gouvernement Merkel a donné des précisions à ce propos et annonce que 98.000 voitures équipées de moteur à essence sont touchées par la fraude.
La liste noire n'en finit pas ! L'EPA (agence américaine de protection de l'environnement) a fait éclater un nouveau scandale. Cet organisme révèle que d'autres modèles du consortium auraient été dotés du logiciel de truquage des résultats des contrôles antipollution. Ce sont des moteurs diesel, mais la fraude ne se cantonne plus aux blocs de 2,0l (ou moins). Elle aurait touché des moteurs V6 de 3l de cylindrées fabriqués durant la période allant de janvier 2014 à septembre 2015.
Ce type de bloc équipe des produits phares du groupe, comme :
- Porsche : 4x4 Cayenne
- Audi : les modèles de berlines luxueuses A6 – A7 – A8 – SUV Q5
- Volkswagen : le 4x4 Touareg.
Volkswagen a tenu à démentir ces informations par le biais d'un communiqué. Le constructeur allemand assure le public que les grosses cylindrées équipées de moteurs V6 3l ne sont pas concernées. Il a ainsi proposé de collaborer avec les autorités américaines afin de mettre la vérité à jour. Cependant, quelques heures après cette déclaration, il a dû suspendre les ventes des 4x4 Cayenne à travers tout le territoire américain alors qu'il s'agissait d'un des modèles les plus plébiscités de Porsche.
De son côté, le 1er octobre 2015, la filiale britannique de Volkswagen a annoncé que les moteurs V6 et V8 TDI n'ont pas été dotés du logiciel falsificateur. Ainsi, les responsables locaux ont retiré de la liste des véhicules potentiellement concernés les utilitaires et se concentrent désormais sur les actions à faire au niveau des voitures particulières.
Le constructeur précise également que le nouveau moteur diesel EA 288 respectant la norme Euro6 n’est pas concerné. Ainsi, les modèles présentés récemment sur le marché et dotés de ce moteur ne sont pas touchés par la fraude. Volkswagen a été en mesure de communiquer cette "bonne nouvelle" à la suite d'investigations effectuées sur le bloc EA 288.
Cependant, ces démentis et ces affirmations ne suffisent pas pour juguler le scandale Volkswagen qui ne cesse de s'amplifier et dont voici la genèse.
À la fin du mois d'octobre, des révélations à propos de cette affaire ont été publiées par le journal britannique Financial Times. Selon ce quotidien, la commission européenne aurait déjà su depuis janvier 2013 que le groupe allemand fraudait durant les tests antipollution. Une lettre fut ensuite adressée par le commissaire européen à l'Environnement à son homologue chargé de la politique industrielle pour faire part à ce dernier de ses doutes concernant une modification des performances réelles des moteurs au cours des contrôles.
Cependant, en ce temps-là les constructeurs n'étaient pas encore obligés d'équiper les nouveaux modèles de véhicules d'un système de traitement des NOx pour se conformer à la norme Euro6.b qu'en septembre 2014 et 2015 du même mois pour l'ensemble de leur gamme de production.
Ainsi, bien qu'elle ait été avertie à temps, l'Union européenne n'a diligenté aucune enquête et n'a apporté aucun changement à ses normes. Par contre, les responsables américains ont agi autrement. En 2014, dès qu'ils ont appris la tricherie durant les contrôles antipollution, via une étude réalisée par une Université située en Virginie, ils ont d'emblée pris les dispositions nécessaires. Les autorités américaines pointent surtout du doigt les deux générations de bloc moteur diesel 2,0l TDI. La première a été produite depuis 2009 et comporte un logiciel faussant les tests sur l'oxyde de carbone. La période de fabrication de la seconde série dotée d'un dispositif de catalysation SCR s'étale de 2012 à 2014. Et le scandale éclata en septembre 2015 !
En marge des rappels des voitures équipées des logiciels falsificateurs de résultats de contrôle, Volkswagen pourrait également se trouver dans l'obligation de rembourser les avantages fiscaux accordés aux acheteurs dans le cadre du bonus écologique. Pour le moment, le constructeur allemand multiplie les actions commerciales pour se faire pardonner. Seulement, ces démarches se focalisent sur les clients américains détenteurs d'une voiture Volkswagen ou Audi et qui bénéficieront de :
- L'octroi d'un crédit de 500 dollars sur la carte Visa
- De bons d'achat de 500 dollars à dépenser chez les concessionnaires de la marque aux États-Unis
- 3 ans d'assistance dépannage gratuite
- 2.000 dollars de remise sur l'achat d'un véhicule neuf.
Pour résorber le scandale, Volkswagen a proposé au KBA, autorité allemande en charge de l'automobile, de rappeler uniquement les véhicules concernés sur demande expresse de leur propriétaire. L'organisme a refusé ce plan d'action et a exigé le rappel de toutes les voitures suspectes. Mis sous pression, le constructeur automobile a fait une annonce qui apporte des détails sur les modifications à effectuer sur les voitures touchées et sur le calendrier de rappels.
- Les véhicules dotés de blocs 1,2l et 2,0l ne nécessiteront qu'un changement au niveau du logiciel ;
- Ceux équipés d'un moteur de 1,6l TDI devront subir une modification au niveau du moteur afin de les rendre conformes aux normes en vigueur.
8,5 millions de véhicules seront ainsi rappelés dans le continent européen dont 2,4 millions en Allemagne et 948.064 en France.
L'opération débutera en janvier 2016. Son déroulement sera étroitement surveillé par les autorités compétentes, notamment dans le pays d'origine de la marque.
Cette date de lancement de la campagne de rappel des voitures concernées par le scandale de la fraude antipollution a été confirmée par Matthias Muller, directeur nouvellement nommé de Volkswagen. Comme l'opération devra être effectuée à travers tous les continents et non seulement en Europe, la firme estime qu'il lui faudrait une année entière pour la réaliser. En effet, il existe 2,5 millions de véhicules éparpillés dans d'autres pays non européens, notamment aux États-Unis.
Le groupe allemand envisage d'entreprendre une vaste campagne dans l'objectif d'identifier les propriétaires de voitures touchées par la fraude. Pour mener à bien cette opération, Volkswagen utilisera les sites Web de ses différentes marques. Les clients connaîtront d'ici peu les diverses mesures mises en œuvre pour mettre aux normes les émissions d'oxyde d'azote (NOx) et de dioxyde de carbone (CO2) de leur matériel roulant.
Quoi qu'il en soit, le constructeur se veut être rassurant. Il rappelle que, techniquement, sa gamme de production est parfaitement fiable même si certains véhicules émettent du gaz polluant supérieur à celui mentionné sur les fiches techniques ou indiqué au cours des contrôles.
Avant son extension vers les plateformes nationales des différentes marques du groupe, Volkswagen a mis en place le site https://informations.volkswagengroup.fr. Celui-ci affiche des informations dédiées aux propriétaires de véhicules éventuellement concernés par l'affaire.
Les détenteurs de voitures susceptibles d'être touchés par la fraude devront mentionner dans la case correspondante la date de la dernière immatriculation de leur matériel roulant et le numéro du châssis. Ces renseignements se trouvent sur la carte grise. Ensuite il ne leur reste plus qu'à remplir le formulaire, en veillant à se conformer aux instructions précisées sur le site.
La firme a également mis en place un numéro vert : 0 805 805 200 joignable non-stop de 7h à 22h.
Une autre alternative est aussi proposée par Volkswagen : les détenteurs de véhicules peuvent se rendre chez le concessionnaire le plus proche de chez eux.
Le consortium allemand prévoit en outre d'adresser prochainement une lettre individuelle à chacun des clients concernés au cours des prochaines semaines.
Le rappel concerne uniquement les voitures dotées d'un moteur diesel de 1,2l – 1,6l et 2,0l TDI de type EA 189 dont la date de sortie d'usine est incluse dans la période de 2007 à juin 2015. Les modèles répondant déjà à la dernière norme en vigueur Euro6 ne sont pas touchés.
Les propriétaires concernés recevront par la suite des renseignements plus précis sur les modalités d'intervention. Ils auront aussi des informations détaillées se rapportant aux corrections à faire sur leur voiture, celles-ci pourront être une simple reprogrammation du logiciel. Au cas où les différences entre les chiffres publiés par l'algorithme sur les émissions de gaz polluants par rapport à la réalité seraient considérables, l'intervention sera plus compliquée. Le groupe ne manquera pas d'informer les clients en temps opportun sur les dispositions et les solutions techniques qu'il apportera pour résorber ces écarts.
En attendant ces modifications, le constructeur automobile tient à rassurer la clientèle. Il précise que les véhicules vendus jusqu'ici sont en état de marche et entièrement fiables même s'ils émettent un niveau plus élevé de gaz polluant par rapport à ce qui est officiellement déclaré. Il profite de l'occasion pour présenter aux propriétaires ses "plus sincères regrets" et annonce qu'il mettra en œuvre tous les moyens nécessaires pour regagner la confiance des clients.